Ép. 24 : De l’édifice est à l’édifice Whitney

 

Transcript

6 juillet 2023

15 minutes (audio)

 

[00:00:00]

Erin : Bienvenue au balado Parlons du parlement, où nous vous faisons découvrir le Parlement de l’Ontario. Nous sommes de retour aujourd’hui avec un autre épisode qui porte sur l’histoire.

 

[00:00:15]

David : Tu sais, j’ai un faible pour ce genre d’épisodes.

 

[00:00:19]

Erin : Cela ne me surprend pas, David, surtout parce que tu es l’historien non officiel de notre direction.

 

[00:00:26]

David : Tu as bien raison, Erin. On me surnomme parfois l’historien en résidence.

 

[00:00:30]

Erin : Dans ce cas, l’épisode d’aujourd’hui devrait tomber dans tes goûts!

 

[00:00:38]

David : J’ai très hâte.

 

[00:00:39]

Erin : Tu connais la chanson à présent, cela ne nous ressemblerait pas de ne pas commencer par un jeu!

 

[00:00:44]

David : Je crois que ton objectif réel est d’essayer de me coincer tous les mois…

 

[00:00:48]

Erin : C’est juste un bel avantage qui vient avec le travail! Maintenant, pour notre activité ludique, j’ai pensé que nous pourrions jouer à… « qui est ce premier ministre provincial »!

 

[00:00:56]

David : Voilà qui semble… intimidant. Comment ton jeu farfelu fonctionne-t-il cette fois?

 

[00:01:00]

Erin : Eh bien, je vais te décrire l’un des premiers ministres de l’histoire de l’Ontario, et tu dois m’indiquer de qui il s’agit.

 

[00:01:09]

David : Je jurerais que tu fais exprès d’augmenter la difficulté de tes jeux.

 

[00:01:12]

Erin : Peut-être… Mais trêve de bavardage, c’est l’heure de jouer!

 

[00:01:16]

David : Bon, d’accord. Allons-y avec la première question!

 

[00:01:19]

Erin : Ce premier ministre a été en poste dans la circonscription de Victoria pendant juste un peu plus de trois mandats. Il était un grand amateur d’histoire, il a servi dans l’armée pendant la Première Guerre mondiale et il était surnommé « le renard argenté ». Qui est ce premier ministre provincial?

 

[00:01:35]

David : Hmm… Tu sais, je pensais que tu allais me laisser perplexe, mais le dernier indice a révélé la réponse. Je vais dire Leslie Frost, le seizième premier ministre de l’Ontario.

 

[00:01:45]

Erin : Bonne réponse! J’imagine que ma prochaine question devra simplement être plus difficile. C’est parti. Représentant la circonscription électorale de Sault Ste. Marie, ce premier ministre fut le premier à provenir d’une circonscription du Nord, et on a nommé une ville et une rue en son honneur.

 

[00:02:01]

David : Je sais qui est celui-ci, Erin, parce que j’ai entendu parler de la ville. Tu dois faire référence à William Howard Hearst, le septième premier ministre de l’Ontario.

 

[00:02:09]

Erin : Encore exact! Je ne crois pas réussir à te coincer cette fois-ci. Par contre, il me reste une question à te poser. Es-tu prêt?

 

[00:02:17]

David : Allons-y, Erin!

 

[00:02:19]

Erin : D’accord, c’est toi qui l’as demandé! Nomme le premier ministre qui est plus tard devenu lieutenant-gouverneur de l’Ontario et qui apparaît dans un épisode de l’émission de télévision canadienne bien aimée Les enquêtes de Murdoch.

 

[00:02:32]

David : Je pense que tu as volontairement posé une question facile. Il s’agit de sir Oliver Mowat, le troisième premier ministre et le huitième lieutenant-gouverneur de l’Ontario.

 

[00:02:40]

Erin : Je n’ai pas réussi à te coincer aujourd’hui, David. Tu as correctement répondu à toutes les questions. Bon travail!

 

[00:02:45]

David : Merci, Erin. Tu sais quoi? Je crois avoir deviné le thème de cet épisode. Serait-il en lien avec le nom d’un autre ancien premier ministre provincial et celui de certains des bâtiments qui entourent l’édifice de l’Assemblée législative?

 

[00:02:55]

Erin : C’est bel et bien le cas. Aujourd’hui, nous allons parler de l’édifice Whitney : son histoire, sa conception, certains des matériaux utilisés et, bien sûr, son homonyme.

 

[00:03:06]

David : L’édifice Whitney est situé en face de celui de l’Assemblée législative, du côté est de Queen’s Park Crescent. Il s’étend depuis la rue Wellesley au nord jusqu’à la rue Grosvenor au sud.

 

[00:03:16]

Erin : Beaucoup de gens l’ignorent, mais les premiers étages de l’édifice Whitney font en réalité partie de l’enceinte de l’Assemblée législative. Ils sont donc inclus dans l’édifice de l’Assemblée pour ce qui concerne les services et l’entretien.

 

[00:03:29]

David : Tout à fait. On trouve aux étages supérieurs certains bureaux de différents ministères et du personnel de la fonction publique de l’Ontario, mais les trois premiers étages rassemblent une variété de services de l’Assemblée, comme les Ressources humaines, les Services de la procédure, et le Service de recherche.

 

[00:03:45]

Erin : Il peut paraître étrange que certains de ces services se trouvent de l’autre côté de la rue, mais c’est une question d’espace. On ne peut pas dire qu’il s’agit d’un nouveau problème pour l’Assemblée législative.

 

[00:03:57]

David : Trop vrai. Dès les années 1920, l’espace manquait dans l’édifice principal. Par conséquent, en 1923, la province a acheté le terrain où est situé l’édifice Whitney aujourd’hui dans le but précis d’y agrandir le Parlement.

 

[00:04:10]

Erin : Le projet de construction était dirigé par Francis Heakes, l’architecte provincial de l’époque, de même que George Henry, le ministre de la Voirie et des Travaux publics. Anecdote : Francis Heakes a occupé le rôle d’architecte provincial pendant 35 ans et a supervisé la construction du bâtiment des mines à l’Université de Toronto, de la Cour supérieure de justice à Thunder Bay, ainsi que de l’ancienne résidence des lieutenants-gouverneurs, qui n’existe plus désormais, aussi appelée Chorley Park.

 

[00:04:42]

David : Le nouvel « édifice de l’Est », comme la structure était alors appelée, était conçu de façon plutôt innovatrice, parce qu’on pouvait y ajouter des annexes et l’agrandir de manière homogène si cela devenait nécessaire. En effet, il comportait trois ailes dans un axe est-ouest reliées par un couloir nord-sud.

 

[00:04:57]

Erin : En raison de son emplacement sur le terrain, il restait assez d’espace pour qu’on puisse dupliquer les ailes est-ouest, au besoin, pour obtenir un total de six ailes offrant chacune une superficie presque identique pour des bureaux.

 

[00:05:09]

David : La construction a débuté en 1925, et le ministre George Henry a posé la première pierre le 30 juillet de cette année. Autre anecdote : George Henry est plus tard devenu le dixième premier ministre de l’Ontario, mais alors qu’il était toujours ministre, il a lancé un chantier routier qui deviendrait un jour l’autoroute QEW, ou l’autoroute Queen-Elizabeth, qui relie Niagara Falls à Toronto. De plus, il a inclus l’édifice de l’Est dans son portrait de premier ministre accroché dans l’édifice de l’Assemblée législative.

 

[00:05:34]

Erin : Dans les années 1920, période précédant la Grande Dépression, le taux d’emploi a connu une forte baisse. Grâce au projet de construction de l’édifice de l’Est, la province a disposé d’une excellente occasion de créer des emplois tout en recourant à des matériaux et à de la main-d’œuvre locaux.

 

[00:05:47]

David : Les fondations de l’édifice ont été creusées à la main par des journaliers, et le gouvernement a privilégié les matériaux ontariens autant que possible. Cela se constate surtout dans la maçonnerie.

 

[00:05:56] l

Erin : En raison du style art déco gothique de l’édifice, une pierre lisse de couleur claire était préconisée pour l’extérieur. Cependant, elle devait être suffisamment tendre pour qu’on puisse y graver à la main des motifs complexes. On a opté pour la dolomie, ou calcaire bleu de Queenston, cette roche ayant supposément la durabilité du granite et l’ouvrabilité du calcaire.

 

[00:06:18]

David : Petite anecdote : on l’appelle « bleu de Queenston » en raison de sa couleur bleue caractéristique quand elle est fraîchement extraite. Toutefois, elle devient grise une fois exposée aux éléments.

 

[00:06:27]

Erin : C’était alors la première fois qu’on utilisait le calcaire de Queenston pour une surface lisse. Par le passé, on s’en était seulement servi pour un style à l’état brut. Néanmoins, les architectes semblaient apprécier sa durabilité et sa texture qui permettaient d’obtenir une coupe propre et d’ajouter de fins détails aux ornements sculptés.

 

[00:06:47]

David : Pour ne pas être surpassé par l’extérieur, l’intérieur de l’édifice devait être fait d’une roche ontarienne de la même qualité.

 

[00:06:54]

Erin : Après bien des recherches, on a choisi le marbre de Bancroft pour les couloirs intérieurs. Mais un petit problème se posait : les carrières de Bancroft étaient fermées depuis des années. Alors, qu’est-ce qu’on fait?

 

[00:07:12]

David : Eh bien, on rouvre les carrières, évidemment!

 

[00:07:15]

Erin : Bien sûr!

 

[00:07:17]

David : Gardez en tête que ce n’était pas tâche facile. Comme les carrières s’étaient entre temps remplies d’eau, il fallait commencer par les vider complètement. Par la suite, il fallait construire une nouvelle installation et apporter la bonne machinerie pour pouvoir enfin extraire le marbre.

 

[00:07:30]

Erin : S’il existe beaucoup de couleurs de marbres dans la région de Bancroft, on s’intéressait seulement aux portions gris pâle. Autre anecdote : les édifices du Parlement fédéral à Ottawa contiennent eux aussi du marbre de Bancroft.

 

[00:07:44]

David : Enfin, on a utilisé du granite de l’Ontario extrait de Coe Hill, un hameau situé près de Bancroft. En effet, comme si deux pierres différentes ne suffisaient pas, les architectes ont décidé de se servir de granite pour les marches menant aux portes extérieures de l’édifice de l’Est.

 

[00:07:57]

Erin : Même si ce n’est plus aussi visible aujourd’hui, il y avait également beaucoup d’éléments décoratifs en bois à travers le bâtiment. Ils étaient faits principalement en bouleau jaune et ornaient le mobilier de rangement, les bureaux et même une salle de quilles au sous-sol qui a depuis disparu. Je veux dire, quand même. À quel point ça aurait été cool de voir ça? Une vraie salle de quilles, juste ici à Queen’s Park.

 

[00:08:19]

David : Un abat! C’est certainement l’une des curiosités les plus intéressantes qui a été bâtie ici au fil des années, on s’entend! De plus, quand la première phase de l’édifice a été complétée en 1928, elle comprenait un tunnel souterrain qui la reliait à l’édifice de l’Assemblée législative de l’autre côté de la rue.

 

[00:08:35]

Erin : En plus de tout ce bois et cette roche, le ciment, le gravier et les autres matériaux de remplissage étaient tous fabriqués dans la province. On estime qu’environ 99 % des matériaux de l’édifice de l’Est ont été produits en Ontario.

 

[00:08:52]

David : 99 %? Alors, d’où venait le 1 % restant?

 

[00:08:59]

Erin : J’avais le sentiment que tu allais poser cette question, David! En fait, le reste des matériaux provenait de Montréal, au Québec, et il s’agissait principalement du linoléum pour les planchers.

 

[00:09:08]

David : Ah ha! Eh bien, au moins, c’était toujours canadien! Le projet n’a pas dépassé les délais prévus, et après quelques années, le Conseil des ministres a approuvé un agrandissement.

 

[00:09:17]

Erin : Malheureusement, l’architecte Francis Heakes est décédé en 1930 et n’a jamais pu voir l’achèvement de l’édifice. Toutefois, le nouvel architecte provincial, George White, l’a rapidement remplacé.

 

[00:09:28]

David : On attribue à George White l’intégration au bâtiment d’une nouvelle aile comprenant une tour de seize étages, un élément qui ne provenait pas du tout des plans originaux de M. Heakes.

 

[00:09:36]

Erin : La tour devait permettre l’ajout très nécessaire de bureaux, l’édifice principal de l’Assemblée législative ne suffisant plus pour accueillir les ministères en croissance constante. Autre anecdote : quand l’édifice de l’Est a été construit, il fut la première structure bâtie dans l’objectif d’héberger des ministères gouvernementaux dans la province.

 

[00:09:56]

David : La grande ironie, par contre, est que la tour est vide depuis 1968, parce qu’elle ne compte pas assez de sorties de secours.

 

[00:10:03]

Erin : Même si la tour n’est pas fonctionnelle, les sculptures qui ornent sa façade sont très impressionnantes. Quatre statues allégoriques de 2,5 m, représentant la justice, la tolérance, la sagesse et le pouvoir (les vertus cardinales), se dressent à chaque coin du sommet. Huit autres figures sont placées à un niveau inférieur, chacune représentant un ministère qui occupe une partie du bâtiment, comme celui des Mines ou des Forêts. Elles ont été sculptées par l’artiste canadien Charles Adamson.

 

[00:10:35]

David : Pendant les années 1950, le gouvernement a planifié d’ériger les ailes restantes de l’édifice de l’Est. En préparation de la construction, il a acheté et démoli deux maisons victoriennes avoisinant le terrain.

 

[00:10:46]

Erin : Les nouveaux plans ont été dressés en novembre 1958 et montraient la nouvelle apparence hybride du bâtiment. George N. Williams, le tout nouvel architecte provincial, avait assorti les étages inférieurs à la conception originale de M. Heakes, mais il avait inclus des éléments d’architecture moderne aux étages du milieu afin de rendre hommage à l’esthétique d’après-guerre qui apparaissait à travers la ville.

 

[00:11:10]

David : Pour l’agrandissement, on avait aussi prévu d’ajouter des tympans, c’est-à-dire un espace décoratif à l’extérieur des fenêtres cintrées, qui étaient faits d’acier inoxydable cannelé, ainsi qu’une annexe courbée pour relier l’édifice de l’Est à l’édifice Frost qui avait récemment été construit.

 

[00:11:22]

Erin : Mais ces plans ne se sont jamais réalisés. Dans les années 1960, le gouvernement s’est aperçu que même l’agrandissement prévu ne fournirait pas suffisamment d’espace pour tous les nouveaux ministères et bureaux de la fonction publique de l’Ontario. Ainsi, l’idée d’une dernière annexe a été abandonnée, et un parc a été créé à la place.

 

[00:11:46]

David : L’immense complexe de l’édifice Macdonald a été conçu peu après et bâti au cours des années 1960. De nos jours, même s’il est actuellement en réfection, il héberge bien des personnes qui travaillent à la fonction publique de l’Ontario.

 

[00:11:59]

Erin : Bon, nous avons commencé cet épisode en discutant de l’édifice Whitney, mais nous avons ensuite passé tout ce temps à vous parler de l’édifice de l’Est. Pourquoi donc?

 

[00:12:08]

David : En fait, ces deux bâtiments ne font qu’un! L’édifice de l’Est est le nom initial donné à la structure qu’on connaît aujourd’hui sous le nom d’édifice Whitney. Le nom « édifice de l’Est » a été utilisé jusqu’en 1966, année où il a été officiellement changé pour « édifice Whitney ».

 

[00:12:21]

Erin : Il était temps, parce que la majorité des gens qui y travaillaient de même qu’une bonne partie de la population l’appelaient déjà l’édifice Whitney au moment de sa construction. Le nom vient du sixième premier ministre de l’Ontario.

 

[00:12:34]

David : Sir James Pliny Whitney a été premier ministre provincial de 1905 à 1914. Il était plutôt populaire à l’époque et est mort tragiquement alors qu’il était toujours en poste, après avoir remporté son quatrième mandat comme premier ministre.

 

[00:12:44]

Erin : Anecdote : il a été le seul à décéder alors qu’il occupait le poste de premier ministre en Ontario, et c’est l’une des quatre personnes à être exposée à l’Assemblée législative de l’Ontario.

 

[00:12:55]

David : De nos jours, le nom de sir James Whitney n’a peut-être pas la même importance pour la majorité de la population, mais l’édifice nommé en son honneur accueille toujours les bureaux de bien des ministres qui arpentent les couloirs de Queen’s Park.

 

[00:13:05]

Erin : Bien qu’il n’ait jamais été tout à fait fini, l’édifice Whitney reste une part intégrante de l’enceinte de l’Assemblée législative de l’Ontario. Sans lui, les nombreux membres du personnel et députées et députés ne pourraient faire leur travail pour contribuer au bon fonctionnement du Parlement de l’Ontario.

 

[00:13:19]

David : Je crois que cela conclut l’épisode d’aujourd’hui, penses-tu, Erin? Et quelle réalisation de grande taille c’était, tout comme la tour de l’édifice Whitney!

 

[00:13:28]

Erin : Je suis d’accord, David. Nous avons certainement accompli tout un périple à travers l’histoire de l’édifice de l’Est, ses matériaux et sa fonction.

 

[00:13:37]

David : Cela signifie qu’il ne nous reste qu’à compter nos anecdotes d’aujourd’hui!

 

[00:13:41]

Erin : Ta partie préférée de chaque épisode, je sais, David. Alors, nous avons un total général de… six anecdotes!

 

[00:13:50]

David : Revenez-nous pour découvrir encore plus de faits intéressants sur le Parlement de l’Ontario.

 

[00:13:54]

Erin : Merci d’avoir écouté le balado Parlons du parlement, où nous vous faisons découvrir le Parlement de l’Ontario. Mais nous devons vous laisser, je crois entendre les cloches.

 

[00:14:02]

David : À la prochaine!

 

[00:14:11]

Erin : Le balado « Parlons du parlement » est produit par la Direction du protocole parlementaire et des relations publiques de l’Assemblée législative de l’Ontario. Médias sociaux gérés par la Direction du protocole parlementaire et des relations publiques de l’Assemblée législative de l’Ontario. Les recherches ont été effectuées par le Bureau des recherches pour la Table de l’Assemblée législative de l’Ontario. Merci de nous avoir écoutés. Si vous avez aimé cet épisode, veuillez nous appuyer en le partageant et en vous abonnant. Pour plus d’anecdotes concernant le parlement de l’Ontario, suivez-nous sur Twitter et Instagram  : @parloneducation. And in English: @onparleducation . Encore une fois merci et à la prochaine.