Ép. 08 : Entretien avec l’Honorable Ted Arnott, président de l’Assemblée législative de l’Ontario

 

 

Transcription

26 août 2021 29 minutes (l’audio)

 

[00:00:00]

Erin: Bienvenue au balado « Parlons du parlement ». Où nous enseignons au public tout ce qui a trait au parlement.

 

[00:00:12]

Stephanie: Aujourd’hui, nous accueillons un invité très spécial, le président de l’Assemblée législative de l’Ontario.

 

[00:00:17]

Erin: Le rôle du président de l’Assemblée législative est central au système parlementaire de l’Ontario. Il supervise les réunions de l’Assemblée, applique les règles et est responsable de maintenir l’ordre et le décorum. Le président de l’Assemblée doit être juste et impartial et doit s’assurer que les débats soient menés de façon respectueuse.

 

[00:00:36]

Stephanie: En plus de sa responsabilité envers l’Assemblée, le président est le chef du Bureau de l’Assemblée législative, une fonction non partisane qui appuie le travail de toutes les députées et de tous les députés. La fonction du président de l’Assemblée est également cérémoniale et diplomatique, et les responsabilités du président incluent l’accueil de dignitaires en visite à l’Assemblée et la représentation de l’Assemblée au Canada et à l’étranger. La personne qui occupe la fonction de président doit également être députée ou député pendant la durée de son mandat et représenter sa circonscription. Nous sommes très heureuses d’accueillir l’Honorable Ted Arnott, le président actuel de l’Assemblée législative de l’Ontario.

 

[00:01:06]

Erin: Ted Arnott est député depuis 1990. Jadis le plus jeune député parmi son groupe parlementaire, il est maintenant l’un des députés comptant le plus d’années de services à l’Assemblée, ayant siégé au cours de huit législatures. Pendant sa carrière, il a occupé des postes au sein du gouvernement et du parti de l’opposition, notamment en tant qu’adjoint parlementaire et porte-parole de l’opposition. Né à Fergus, en Ontario, il a grandi à Arthur et a poursuivi ses études à l’Université Wilfrid-Laurier avant de commencer sa carrière parlementaire. Il habite présentement avec sa femme à Fergus. Le 11 juillet 2018, il est devenu le 42e président de l’Assemblée législative de l’Ontario. Merci d’avoir pris le temps de parler avec nous.

 

[00:01:43]

Président Ted Arnott : Ça me fait plaisir.

 

[00:01:45]

Erin: Vous avez été élu en 1990. Vous souvenez-vous de votre première journée à Queen’s Park? Comment vous sentiez-vous?

 

[00:01:53]

Le président : Oh oui, je m’en souviens comme si c’était hier. Après les élections, j’ai dû me rendre à Queen’s Park, je crois que c’était quelques jours après. Je conduisais sur l’avenue University, et évidemment, je voyais l’édifice et plus je m’en rapprochais, plus je sentais mes responsabilités s’alourdir. Lorsque j’ai mis les pieds dans l’édifice pour la première fois, j’ai été frappé par un sentiment profond d’admiration, en tant que député, et aussi par les responsabilités qui s’y rattachent. Et nous voilà 31 ans plus tard, et c’est dur à croire.

 

[00:02:28]

Erin: Vous souvenez-vous où était votre bureau?

 

[00:02:30]

Le président : Oh, oui, je m’en souviens. Au début, je partageais un bureau avec David Turnbull, qui était le député pour York Mills. On ne nous avait pas attribué de bureau. D’une façon ou d’une autre, nous nous sommes retrouvés ensemble et nous n’avions pas de personnel, donc nous nous gênions un peu. Cependant, nous avions chacun un bureau. Chacun son téléphone. Bien sûr, il n’y avait pas de courriels, pas d’ordinateurs à l’époque. Les choses étaient très différentes. Éventuellement, on nous a attribué des bureaux individuels et j’ai pu mieux m’installer. Lorsque je passe à côté des bureaux où je travaillais, ça me ramène dans le temps.

 

[00:03:08]

Stephanie: Vous êtes député depuis longtemps. Depuis quand le poste de président de l’Assemblée vous intéresse-t-il?

 

[00:03:16]

Le président : Depuis longtemps. Je me suis intéressé à la fonction pour la première fois en 2003, après la défaite du Parti conservateur. Nous étions le parti de l’opposition et je voulais un rôle au-delà du rôle de député. J’ai discuté avec Ernie Eves — qui était à ce moment-là le chef de l’opposition, mais autrefois premier ministre —, et je lui ai demandé s’il était d’accord pour que je devienne l’un des vice-présidents. Je ne sais pas s’il avait beaucoup confiance en moi à l’époque, mais je sais que j’étais la seule personne du groupe parlementaire à faire une telle demande. Ç’a été très facile. Il n’y avait aucune décision à prendre. On m’a donné l’occasion. Ensuite j’ai été l’un des vice-présidents, genre un adjoint au président de l’Assemblée, pendant les 13 années qui ont suivi. C’était en fait une bonne occasion d’apprentissage et j’ai fait la connaissance des greffières et greffiers, du personnel de la Table et des cadres supérieurs. Lorsque Alvin Curling, qui était le président de l’Assemblée, a été nommé ambassadeur du Canada à la République dominicaine, il a dû démissionner de sa fonction de président de l’Assemblée et de député, ce qui a déclenché les élections du prochain président. Encore une fois, j’étais l’un des vice-présidents à l’époque, et je me suis dit qu’il devrait y avoir un vote et une élection et que ça obligerait la personne élue à la présidence — je ne croyais pas que ce serait moi — d’entamer une discussion, d’approcher chaque groupe parlementaire et de promettre d’être juste. Mike Brown, qui était, si je ne me trompe pas, le député d’Algoma-Manitoulin, était le premier vice-président de l’Assemblée à l’époque. Nous étions collègues. Nous étions amis. Nous voulions tous les deux gagner. C’était intéressant. Il n’y avait que nous deux à avoir posé notre candidature. Je dis « intéressant », car je n’ai jamais prononcé de mots durs à son sujet, et il n’a jamais prononcé de mots durs à propos de moi pendant la campagne, ce qui est quelque peu inhabituel pour une course présidentielle, comme vous le savez. C’était très amical. J’étais content lorsqu’il a gagné. Je ne m’attendais pas à être élu. J’étais content qu’il ait gagné. Il a siégé en tant que président de l’Assemblée pour la durée de la législature. Je me suis ensuite présenté une deuxième fois en 2007, lorsque Steve Peters s’est aussi présenté. Il y avait beaucoup de candidatures. Je ne me souviens plus combien. Mais, encore une fois, je ne m’attendais pas à gagner, mais puisque j’étais l’un des vice-présidents, je croyais qu’une élection était nécessaire pour qu’il y ait une discussion sur les enjeux et les engagements de la personne élue pour que les élections soient justes. Et donc, Steve a été élu et encore une fois, j’ai été l’un des vice-présidents pendant plusieurs années après l’élection. En 2018, plusieurs collègues de tous les partis m’ont encouragé à me présenter comme candidat pour le poste de président de l’Assemblée. Trois autres candidates et candidats se sont présentés. Je n’étais pas certain que je gagnerais, mais je m’étais engagé à faire de mon mieux. Cependant, je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai activement fait campagne. Ma femme et moi avions planifié des vacances, et juste avant de partir, Lisa m’a demandé si nous devrions les annuler, au cas où je doive faire campagne. Je lui ai répondu que nous partions en vacances. Soit les gens veulent que je siège en tant que président de l’Assemblée, soit ils ne veulent pas. Je ne comptais pas faire campagne comme je l’aurais fait pour une élection générale. J’ai été élu le 11 juillet — j’avais oublié la date, merci pour le rappel.

 

[00:06:57]

Erin: On n’oublie jamais sa première journée dans un tel rôle.

 

[00:07:00]

Le président : C’est vrai. C’est vrai.

 

[00:07:02]

Stephanie: Une question que nous posent souvent les visiteuses et visiteurs concerne le processus d’élection du président de l’Assemblée. Il y a des traditions parlementaires très amusantes. Pouvez-vous nous fournir un résumé?

 

[00:07:16]

Le président : Toutes les députées et tous les députés votent par scrutin secret. Chaque députée et député a le droit de voter. Il y a parfois plusieurs votes pour veiller à ce que le président de l’Assemblée ait le soutien de la majorité de l’Assemblée. L’élection a toujours lieu lors du premier jour de session. Donc, c’est le tout premier point à l’ordre du jour. Il y a, je dirais, un genre de campagne qui a lieu — en dépit de ce que j’ai dit. Certains organisent des rassemblements, des réceptions, etc. Je n’ai jamais fait ça. D’autres personnes ont une approche plus discrète. C’est le premier point à l’ordre du jour du parlement provincial et du Règlement. C’est le tout premier. Des traditions amusantes? Je ne sais pas... Une fois élu à la fonction, ou après? Ou pendant le processus?

 

[00:08:16]

Stephanie: Après, je dirais.

 

[00:08:18]

Le président : Donc, après l’annonce, le président de l’Assemblée doit immédiatement prendre place au fauteuil. La personne qui propose la nomination et celle qui l’appuie s’approchent du président élu et puis elles traînent l’élu de son siège au fauteuil à l’avant de la Chambre. C’est fondé sur la croyance qu’aucune personne saine d’esprit veut être présidente ou président de l’Assemblée. Il faut leur tordre le bras, au sens figuré et au sens propre. Et c’est vrai. J’ai bien sûr ensuite eu l’occasion de donner un bref discours. J’étais content que ma femme soit là ainsi que certains amis proches, y compris Elizabeth Witmer, qui a été une collègue pendant des années. Ensuite, ils amènent la présidente ou le président hors de l’édifice ou de la Chambre vers le bureau du président et le bureau du greffier, où se passent beaucoup de choses, notamment la prise de mensuration par un tailleur pour faire les habits du président de l’Assemblée, y compris la cape, la robe, le nom m’échappe. Il y avait un chapelier qui a mesuré ma tête pour faire un chapeau.   J’ai eu une rencontre initiale avec le greffier pour qu’il m’explique ce que je devais savoir immédiatement. C’était très intéressant. J’ai reçu un appel du premier ministre me demandant de le voir dans son bureau parce qu’il voulait me féliciter. J’ai demandé au greffier combien de temps notre rencontre durerait, et il m’a répondu « une autre demi-heure. » J’ai dit : « Okay. Dites au premier ministre que je vais le voir dans une demi-heure. » Et nous avons blagué un peu à ce propos, parce que c’était mon premier geste symbolique démontrant que le rôle du président est indépendant du gouvernement. Et donc j’ai fait attendre le premier ministre trente minutes avant d’aller le rencontrer. J’étais content de lui parler et j’ai grandement apprécié ses félicitations.

 

[00:10:26]

Erin: Ça semble amusant. En tant que président de l’Assemblée, vous êtes toujours député de votre circonscription. Comment équilibrez-vous vos rôles en tant que député et président de l’Assemblée?

 

[00:10:42]

Le président : En tant que fier député de Wellington-Halton Hills, mes 120 000 concitoyennes et concitoyens me gardent très occupé. Je veux faire un bon travail pour eux, et ma circonscription est toujours au cœur de mes préoccupations en tant que député, et même lorsque je suis président. Je suis à mon bureau de circonscription les vendredis, comme toujours, et je m’occupe des affaires de ma circonscription. Je suis aussi en contact avec mon bureau tout au long de la semaine lorsque l’Assemblée siège du lundi au jeudi. Je lis les courriels qui sont envoyés à mon bureau de circonscription. J’aide avec les réponses. J’essaye de me tenir au courant de ce à quoi pensent les gens. Avant la pandémie, j’ai continué à participer à des évènements communautaires pendant les fins de semaine. J’ai consacré beaucoup de temps à faire avancer les questions qui sont importantes à ma circonscription, en particulier les besoins en infrastructure — en collaborant avec les députées et députés des autres partis politiques, en fait, — pour m’assurer que nos intérêts et nos besoins soient bien compris et, on l’espère toujours, abordés par le gouvernement. Si j’ai besoin de parler avec une ou un ministre, par exemple, lorsque l’Assemblée siège, je vais souvent lui envoyer une note en Chambre lui demandant de parler avec moi quelques minutes à part ou dans mon bureau. Personne ne m’a refusé une demande de rencontre après la Période des questions. Jamais. Donc je l’apprécie. Même chose pour le premier ministre, lorsque j’ai dû lui demander son aide pour régler un problème impliquant ma circonscription. Donc c’est très bien. Et je crois que c’est avantageux pour ma circonscription. Par contre, en tant que président de l’Assemblée, je ne peux pas voter, sauf s’il y a un partage des voix et je suis le président de la séance. Et, bien sûr, il y a une tradition et des conventions qui régissent une telle situation, ce qui me prendrait des heures ou des jours à expliquer. Donc, je ne vote pas. Je ne peux non plus m’exprimer publiquement sur des enjeux publics si ce sujet peut être débattu ou est à l’instant débattu en Chambre. Mais je dis à mes concitoyennes et concitoyens : « Je suis ici depuis longtemps. C’est un privilège d’être ici. J’ai travaillé fort pour ma circonscription et je continue de le faire en arrière-scène. Ne vous inquiétez pas. » La plupart comprennent.

 

[00:13:11]

Stephanie: Ça a du sens.

 

[00:13:13]

Erin: En effet.

 

[00:13:13]

Stephanie: Je ne peux pas imaginer une ou un ministre refuser de parler avec le président après la Période des questions.

 

[00:13:19] [Rires]

 

[00:13:19]

Erin: J’ai l’impression que c’est une demande qu’on ne peut refuser.

 

[00:13:21]

Le président : À vrai dire, le président a un certain pouvoir, mais je crois qu’une personne a plus de pouvoir si elle l’exerce de façons responsable et uniforme ainsi que de façons juste et impartiale. Donc, vous savez, j’essaie d’être conscient de ça. Et les conseils que me donnent le personnel du Bureau du président et les greffières et greffiers sont indispensables pour rester sur la bonne voie. C’est ce que je vise. Je ne veux pas que les gens croient que je suis injuste. Je ne veux pas être injuste. Donc, chaque jour, nous discutons de façon consciente et intentionnelle pour veiller à ce que je sois véritablement impartial dans la Chambre.

 

[00:14:05]

Stephanie: Comment avez-vous géré la transition de député à la présidence et devoir réfléchir à tout ça?

 

[00:14:14]

Le président : À vrai dire, le jour où j’ai été élu, c’était une journée extraordinaire.  Le lendemain, l’Assemblée siégeait, j’avais ma robe, mon chapeau. Tout était là. Je n’avais pas le chapeau, je crois qu’il a pris une semaine à être livré, mais j’avais l’autorité complète du président de l’Assemblée. C’était tout juste après les élections, si vous vous souvenez, et l’Assemblée a été convoquée. Les élections avaient eu lieu en juin. L’Assemblée siégeait un mois après. Il y avait des douzaines de nouveaux députés et députées qui, dans plusieurs cas, n’avaient aucune expérience en politique. Le premier ministre, par exemple, remplissait pour la première fois les fonctions de premier ministre, et de député de l’Assemblée aussi. Tout juste après les élections, c’était encore une période assez intense pour certaines personnes. C’était bruyant dans la Chambre. C’était parfois la pagaille. Et je ne savais pas quoi faire. J’ai bel et bien essayé, rien ne calmait le vacarme. C’est mon premier souvenir, et je dirais que c’était vraiment la pagaille. Ensuite, ça s’est amélioré, je crois, au fur et à mesure que je me suis habitué à ma fonction. Encore une fois, de bons conseils du personnel du Bureau du président ainsi que des greffières et des greffiers, m’ont aidés à acquérir les habiletés requises afin de maintenir la civilité dans la Chambre. Et puis nous avons essayé de nombreuses choses au fil des années, et parfois je fais des rappels en public sur l’importance du professionnalisme pour que les gens de l’Ontario soient fiers de leurs députées et députés et de l’Assemblée. Bref, la transition a été difficile, mais ça s’est amélioré. À vrai dire, je me sens tout à fait à l’aise dans mon rôle, en général, et ce que j’aime le plus, c’est de travailler avec de fantastiques collègues, le personnel de l’Assemblée. Et, vous savez, chaque jour, je travaille étroitement avec les greffiers et greffières. C’est un vrai plaisir de voir tout le monde venir le matin et de savoir que nous allons affronter les défis de la journée ensemble. Et puis, tout le personnel de l’Assemblée, tous ceux et celles qui ont adopté la culture que nous ont donnée nos prédécesseures et prédécesseurs en créant un gouvernement provincial démocratique dont nous sommes fiers. Et c’est un réel privilège et honneur d’être président de l’Assemblée maintenant. Grâce à vous.

 

[00:16:51]

Erin: Nous sommes très heureuses de l’entendre, et il semble que vous êtes passionné de la fonction et de tout ce qui y est rattaché, ce qui est formidable. Dans le même ordre d’idées, selon vous, qu’est-ce que le public devrait savoir à propos de la fonction de président? Des choses que les gens ne sauraient pas. Nous avons donné une définition au début de l’épisode et bref, c’est de maintenir l’ordre, mais y a-t-il quelque chose de précis à propos du rôle en arrière-scène que vous croyez que les gens devraient savoir?

 

[00:17:26]

Le président : C’est une question difficile. La plupart des gens ne connaissent pas les responsabilités administratives liées à la présidence, ce qui est peut-être un élément important à connaître, et qui serait bien de savoir. On m’a dit au début que je suis le directeur général de l’Assemblée. Pas tout à fait. Le rôle du président, à mon avis, ressemble plutôt au rôle de président du conseil de l’Assemblée ou si l’Assemblée était un village, c’est plutôt d’en être le maire. Le greffier, à mon avis, est le dirigeant principal de l’administration de l’Assemblée, sans doute. C’est une responsabilité importante du greffier au-delà de ce qu’il fait dans la Chambre. Je crois que la plupart du personnel de l’Assemblée comprend ça, et c’est pourquoi le greffier est au même rang qu’un sous-ministre, comme il se doit. C’est très important. Mais le président, je dirais, correspond plutôt à un président de conseil. La Commission de régie interne est l’organe qui décide comment attribuer les finances, et régir la Commission, c’est un rôle important. Ce qui comporte, bien sûr, des responsabilités considérables. Par contre, ça ne dépend pas juste du président de l’Assemblée. Encore une fois, c’est faire partie d’une équipe. Je dirais que j’ai travaillé fort pour promouvoir un esprit d’équipe parmi le personnel ici, et auprès des personnes avec qui je travaille. Je ne considère pas mon rôle supérieur au leur. De mon point de vue, nous sommes partenaires et nous travaillons ensemble. J’ai dit aux greffières et greffiers au début : si nous devons prendre une décision importante, nous devons essayer d’être comme les Beatles. Avec les Beatles, si ce n’était pas un choix unanime, l’idée était rejetée. C’est ce que j’essaye de créer comme environnement. Ce n’est pas toujours possible d’être unanime en arrière-scène. Il y a beaucoup de discussions et de négociations, de compromis. Et parfois, c’est difficile d’être en accord. Même parmi nos collègues qui partagent les mêmes objectifs généraux. L’accomplissement de ces objectifs n’est pas toujours facile. Mais nous nous y efforçons. Bien sûr, je veux que mon personnel sache que je veux connaître ce qu’il pense réellement. J’ai besoin d’entendre ses francs conseils. Et ensuite nous discutons en tant qu’équipe et nous espérons faire le bon choix. Parfois, ça prend du temps, mais nous essayons quand même. J’espère que nous réussissons la plupart du temps.

 

[00:20:03]

Stephanie: C’est vrai que le public, je ne crois pas, soit conscient du rôle administratif du président. Je ne crois pas non plus qu’il sache que l’on prend vos mesures pour un chapeau.

 

[00:20:12]

Erin: Non.

 

[00:20:13]

Stephanie: Voilà une anecdote amusante aujourd’hui.

 

[00:20:17]

Le président : À vrai dire, je ne porte pas le chapeau tous les jours. Je l’ai fait pendant un certain temps. Bien sûr, les greffiers et greffières doivent tous porter des chapeaux aussi. Je n’aimais pas trop porter le mien. Mais je l’ai toujours et je compte le porter encore. S’il y a un discours du Trône ou une cérémonie spéciale, par exemple, mais à part ça, je ne veux pas le porter tous les jours.

 

[00:20:40]

Erin: Honnêtement, c’est tout un chapeau.

 

[00:20:44]

Stephanie: C’est un style.

 

[00:20:46]

Erin: Oui. Il y a beaucoup d’enfants qui le comparent à un chapeau de pirate pendant leurs visites. C’est ce qu’on entend souvent. Des chapeaux de pirate.

 

[00:20:55]

Stephanie: Si on leur pose la question : « Qu’est-ce que vous remarquez à propos du président? » « Il porte un chapeau de pirate. » Mais en parlant des tâches administratives de la fonction, comment équilibrez-vous vos tâches quotidiennes dans la Chambre et les tâches administratives? 

 

[00:21:14]

Le président : Il n’y a pas d’horaire rigide au Bureau du président. Nous nous préparons le matin sachant que des choses surprenantes surviendront. Il y a de nombreux organismes qui m’approchent lorsqu’ils ont une journée de lobbyisme, ils approchent tous les députés et députées. Nous planifions des réunions et nous essayons d’accommoder tout le monde autant que possible. Depuis que je suis président, la porte du bureau est toujours ouverte et il y a des députées et députés qui viennent faire un tour — pas autant maintenant à cause de la pandémie. Sauf s’il n’y a personne; alors là, la porte est fermée. Et verrouillée. Mais s’il y a quelqu’un, la porte est ouverte et quiconque peut venir faire un tour en cas de préoccupations ou de problèmes. J’essaie d’être aussi flexible que possible avec notre horaire. Cependant, il y a des périodes où je dois être en Chambre. Bien sûr, ça vient d’abord.

 

[00:22:11]

Erin: Je ne sais pas si vous pourrez en énumérez juste une, mais y a-t-il quelque chose qui selon vous est l’aspect le plus gratifiant dans le fait d’être non seulement président, mais député depuis si longtemps?

 

[00:22:26]

Le président : En ce qui concerne mon rôle de député, je dis à mon personnel que chaque jour, nous venons travailler pour aider les gens. Nous ne conservons pas de liste d’accomplissements. Nous avons aidé nos petites et grandes collectivités. Et lorsqu’on commence à se déplacer dans les collectivités, on y voit des choses qui n’existeraient peut-être pas sans notre travail. Et je ne dis pas ça juste pour moi, je le dis pour mon personnel aussi. Nous collaborons pour réaliser tous ces accomplissements, et c’est ce qui est gratifiant d’être député. De savoir qu’à cause de notre travail, il arrive quelque chose de bien qui n’existerait pas sans nos efforts continus. En tant que président, disons que c’est un travail en cours. Je ne veux pas me vanter. Je crois que chaque jour représente un nouveau défi. J’espère que nous démontrons notre impartialité, comme il se doit. J’espère que, lorsque mon mandat en tant que président prendra fin, je serai satisfait de mes accomplissements. Je ne sais pas s’il va y avoir un accomplissement précis que je pourrai désigner. Je vais laisser les gens choisir. Les médias critiquent parfois le président. De temps à autre, j’entends dire que des députées et députés ne croient pas que je suis à la hauteur des attentes ou croient que j’ai dit ou fait quelque chose incorrectement. Il y a un aspect subjectif. Ce n’est pas quelque chose que je peux contrôler. Au bout du compte, j’espère que les gens reconnaîtront que j’ai fait de mon mieux. J’espère qu’ils reconnaîtront l’ampleur des efforts que j’ai consacrés à cette tâche.

 

[00:24:33]

Erin: Vous avez dit que vous préférez attendre de connaître la perception qu’auront les gens de vous en tant que président. Y a-t-il un projet ou une initiative quelconque que vous avez réalisé pendant votre mandat, duquel vous êtes fier?

 

[00:24:49]

Le président : On va croire que je me vante. Je ne veux pas vanter. Lorsque j’étais président du comité de l’Assemblée législative de 1995 à 1996, on nous a demandé d’évaluer la sécurité à l’Assemblée. Nous avons entamé une étude approfondie de ce que nous faisions et de ce que nous devions faire, puis rédigé un rapport, qui a été présenté à l’Assemblée, ce qui a entraîné des changements sur le plan de la sécurité. En tant que président du comité, j’ai recommandé, ou plutôt j’ai présenté ce rapport à la Chambre, mais, dans le cadre du processus, j’ai vraiment souligné qu’il devrait y avoir une seule porte d’entrée pour les visiteuses et visiteurs avec un point de contrôle ressemblant à ceux des aéroports. C’est ce qui était nécessaire. C’est ce qu’il y a à Ottawa et à l’Assemblée nationale du Québec. Ce n’était pas une chose novatrice. C’était simplement quelque chose qu’on n’avait pas ici. Le grand public avait accès à l’édifice au moyen de plusieurs portes, et j’étais d’avis qu’on avait besoin d’améliorer la sécurité. Par la suite, le rapport a été accepté et un grand nombre de recommandations ont été mises en œuvre, mais même en 2018, c’était toujours un projet en cours. L’Entrée des visiteuses et visiteurs était une idée qui devenait de plus en plus attrayante, puis elle a été construite. Elle est maintenant fonctionnelle. C’est un peu ironique. C’est peut-être symbolique du temps que ça prend pour accomplir des choses ici. J’étais le président du comité qui a fait la recommandation. Et me voici, aujourd’hui président de l’Assemblée. J’espère pouvoir couper le ruban lorsque nous célébrerons l’ouverture de cette Entrée. Donc, je suis satisfait.

 

[00:26:39]

Erin: Il faut beaucoup de persévérance.

 

[00:26:40]

Le président : Oui. Oui.

 

[00:26:41]

Erin: Mais vous avez réussi!

 

[00:26:42]

Le président : Ce n’est pas juste moi. L’édifice est plus sécuritaire pour nous tous, y compris nos visiteuses et visiteurs, grâce à cette Entrée, ce point de contrôle. Donc je suis très heureux que nous l’ayons maintenant.

 

[00:26:56]

Erin: À vrai dire, c’était le premier projet de construction, ou techniquement, le premier ajout à l’édifice depuis plus de cent ans. Donc le projet de construction en tant que tel...

 

[00:27:04]

Stephanie: C’est un accomplissement.

 

[00:27:05]

Erin: Oui.

 

[00:27:06]

Le président : L’équipe a fait un très bon travail. Tout le monde me dit à quel point ils sont satisfaits de l’architecture, du style, et à quel point le Service de protection aime y travailler. J’espère que, à l’automne, nous pourrons revenir à une normale avec plus de gens dans l’édifice. J’espère pouvoir à nouveau inviter les gens, le grand public, à venir visiter l’édifice.

 

[00:27:35]

Erin: Peut-être que vous pourrez couper le ruban et déclarer l’Entrée officiellement ouverte.

 

[00:27:40]

Stephanie: Ça serait une bonne façon de boucler l’histoire. Si on remonte dans le temps, lorsque vous avez commencé votre carrière à l’Assemblée en 1990, si quelqu’un vous avait dit que vous seriez président de l’Assemblée, quelle aurait été votre réaction?

 

[00:27:56]

Erin: Les auriez-vous crus?

 

[00:27:59]

Le président : Je ne visais pas le rôle de président. Lorsque j’ai été élu à l’Assemblée, j’essayai simplement de survivre. Mes cinq premières années, je prenais ça une journée à la fois pour résoudre les problèmes du mieux que je pouvais. Je ne comptais pas devenir président de l’Assemblée à cette époque. C’est peut-être à cause que, même si on a un parcours planifié, les choses ne se passent pas toujours exactement comme on le prévoit. Chaque jour, nous avons des occasions de changer les choses. Je sais que le personnel de l’Assemblée est d’avis que nous devons tous travailler à cet objectif ensemble. Et c’est ce qu’on vise.

 

[00:28:46]

Erin: Merci beaucoup de vous être joint à nous aujourd’hui, Monsieur le président. Nous sommes très heureuses de vous avoir accueilli.

 

[00:28:51]

Le président : Merci. Ça m’a fait plaisir.

 

[00:28:53]

Stephanie: Merci d’avoir écouté « Parlons du parlement ». Où nous enseignons au public tout ce qui a trait au parlement.

 

[00:28:56]

Erin: Nous devons partir. J’entends la sonnerie.

 

[00:29:06]

Stephanie: Le balado « Parlons du parlement » est produit par la Direction du protocole parlementaire et des relations publiques de l’Assemblée législative de l’Ontario.

 

[00:29:13]

Erin: Médias sociaux gérés par la Direction du protocole parlementaire et des relations publiques de l’Assemblée législative de l’Ontario.

 

[00:29:18]

Stephanie: Les recherches ont été effectuées par le Bureau des recherches pour la Table de l’Assemblée législative de l’Ontario.

 

[00:29:23]

Erin: Merci de nous avoir écoutées ! Si vous avez aimé cet épisode, veuillez nous appuyer en le partageant et en vous abonnant.

 

[00:29:29]

Stephanie: Pour plus d’anecdotes concernant le parlement de l’Ontario, suivez-nous sur Twitter (lien externe) et Instagram (lien externe) : @parloneducation. Et en anglais sur Twitter (lien externe) : @onparleducation.

 

[00:29:40]

Erin: Encore une fois, merci et à la prochaine.