Ép. 04 : Le foyer de l’Ontario : l’histoire architecturale de l’édifice de l’Assemblée législative

 

 

Transcript

22 avril 2021  24 minutes (l'audio)

 

[00:00:04]

Erin : Bienvenue au balado « Parlons du parlement ». Je m’appelle Erin et je suis accompagnée de Stephanie. Comme d’habitude, ici à « Parlons du parlement », nous enseignons au public tout ce qui a trait au parlement.

 

[00:00:17]

Stephanie : Erin, tu oublies quelque chose?

 

[00:00:18]

Erin : Quoi?

 

[00:00:18]

Stephanie : Il y a récemment eu un anniversaire important!

[00:00:21]

Erin : De qui? Je n’ai pas manqué le tien, quand même?

 

[00:00:24]

Stephanie : Non, ça va de ce côté-là. Et ce n’est pas « de qui », mais « de quoi »! L’édifice de l’Assemblée législative a eu 128 ans le 4 avril.

 

[00:00:32]

Erin : Ça me semble être l’occasion parfaite pour parler de l’édifice et en apprendre plus sur son histoire étant donné que c’est un monument architectural célèbre et le centre démocratique de l’Ontario.

 

[00:00:44]

Stephanie : Aujourd’hui, nous allons examiner en détail l’histoire, l’architecture et les caractéristiques de l’édifice ainsi que les nombreuses modifications qui y ont été apportées au fil des années.

 

[00:00:53]

Erin : Donc, préparez-vous pour un épisode bien structuré.

 

[00:00:58]

Stephanie : Holà! Est-ce qu’il y a une chose sur laquelle tu ne peux pas faire de jeux de mots?

 

[00:01:01]

Erin : Je n’ai rien trouvé jusqu’à maintenant.

 

[00:01:03]

Stephanie : Fantastique... Bon, si vous avez écouté notre premier épisode, vous vous souvenez que l’édifice de l’Assemblée législative à Queen’s Park n’est pas le premier édifice parlementaire de la province.

 

[00:01:12]

Erin : Exact. Il y en a eu quelques-uns avant que commence l’histoire de notre édifice actuel en 1880. À l’époque, M. Tully, l’architecte et ingénieur pour l’ancien ministère des Travaux publics, a soumis un rapport concernant les conditions dangereuses de l’édifice parlementaire, qui se situait proche des rues Front et Simcoe à Toronto.

 

[00:01:31]

Stephanie : Environ un mois plus tard, Christopher Findlay Fraser, le ministre des Travaux publics, a présenté à l’Assemblée neuf recommandations. La première était la construction d’un nouvel édifice parlementaire. Peu après, le gouvernement de l’époque a acquis de l’Université de Toronto le site de Queen’s Park.

 

[00:01:46]

Erin : Au printemps de 1880, le ministre Fraser a publié un document exhaustif établissant les règles d’un concours international pour concevoir le nouvel édifice parlementaire de l’Ontario. Son document précisait que le concept devait utiliser majoritairement des matériaux provenant de la province et que l’édifice devait être le plus résistant au feu possible.

 

[00:02:07]

Stephanie : Toutefois, l’élément le plus important était le prix. Le budget a été fixé à un maximum de 500 000 $.

 

[00:02:15]

Erin : Sachez que ce n’est pas un montant arbitraire et que le ministre Fraser suivait un raisonnement. La valeur de 500 000 $ provenait d’une évaluation que le ministre avait obtenue de la valeur de la propriété sur la rue Front.

 

[00:02:27]

Stephanie : Le concours a été populaire et M. Fraser ne pouvait pas examiner toutes les présentations seul. Il a donc créé un jury de trois juges pour évaluer les présentations de façon juste. Les juges étaient Alexander Mackenzie (le commissaire fédéral aux travaux publics), un architecte de Toronto nommé W. G. Storm et un architecte britannique, Richard Waite.

 

[00:02:46]

Erin : À la fin de l’année, les juges ont présenté au ministre leurs résultats sur plus d’une douzaine de concepts. Ils ont utilisé un système d’évaluation comprenant six catégories. Les catégories comprenaient le mérite architectural, l’utilisation de la lumière naturelle, le chauffage et la ventilation, et, bien sûr, le coût.

 

[00:03:04]

Stephanie : Selon ce système, le cabinet d’architectes Darling and Curry a remporté la première place. Les cabinets de Gordon and Helliwell, et Smith and Gemmell ont remporté les deuxième et troisième places respectivement.

 

[00:03:15]

Erin : Vous pensez sûrement que le jury a choisi un gagnant, fin de l’histoire. Par contre, c’est vraiment là que commence l’histoire de notre édifice.

 

[00:03:24]

Stephanie : C’est vrai. Malgré la sélection des gagnants, le jury a finalement déclaré qu’aucun concept ne pouvait être utilisé à cause des lacunes concernant le chauffage, l’éclairage et la ventilation. En plus, aucun des trois premiers entrepreneurs gagnants ne pouvait fournir un devis inférieur à 500 000 $.

 

[00:03:43]

Erin : En février 1881, le jury a demandé aux cabinets Darling and Curry, et Gordon and Helliwell de présenter des concepts modifiés pour essayer de respecter le budget de 500 000 $. Et cette fois-ci, ils y étaient presque. L’un aurait coûté 542 000 $ et l’autre, 612 000 $.

 

[00:04:03]

Stephanie : Et c’est ici que l’histoire devient un peu floue.

 

[00:04:08]

Erin : Nous avons des preuves qui suggèrent qu’un deuxième concours a eu lieu, probablement en 1882. Mais rien qui vienne vraiment cimenter cette théorie.

 

[00:04:17]

Stephanie : Encore avec les jeux de mots.

 

[00:04:20]

Erin : Cette fois-ci, c’était vraiment par accident, je le jure, haha.

 

[00:04:23]

Stephanie : Je m’en doute. Enfin. Ce que nous savons, c’est qu’en 1882, le gouvernement a décidé d’augmenter considérablement le budget à 750 000 $.

 

[00:04:34]

Erin : L’un des membres du jury, Richard Waite, a ensuite été chargé de réexaminer les deux concepts en considérant le nouveau budget, mais il les a de nouveau rejetés, principalement en raison d’un manque d’éclairage et de ventilation.

 

[00:04:49]

Stephanie : Le gouvernement du jour avait à ce moment un choix à faire : soit organiser un autre concours, soit demander à quelqu’un qu’il jugeait capable de présenter un concept. Il a choisi la deuxième option.

 

[00:05:01]

Erin : Et qui, pensez-vous, a été chargé de présenter un concept? Leur juge et architecte préféré bien sûr, Richard Waite!

 

[00:05:09]

Stephanie : Le gouvernement a officiellement engagé M. Waite le 8 janvier 1886 pour concevoir l’édifice.

 

[00:05:15]

Erin : Et bien sûr, on lui a donné un nouveau budget de 750 000 $, mais il s’est rapidement rendu compte que le montant était insuffisant pour construire l’édifice qu’il avait planifié.

 

[00:05:24]

Stephanie : Après plus de six ans de construction et plus de 1,3 million de dollars, le nouvel édifice parlementaire de l’Ontario a ouvert ses portes au public le 4 avril 1893.

 

[00:05:36]

Erin : Ça aurait été formidable d’être là, n’est-ce pas?

 

[00:05:39]

Stephanie : Absolument. Surtout pour utiliser les ascenseurs. Peux-tu imaginer à quel point c’était épatant pour les gens à l’époque? 

 

[00:05:44]

Erin : Honnêtement, non. Surtout si l’on tient compte du fait que l’un des premiers édifices dans la province à avoir des ascenseurs était celui-ci, donc ça devait être très épatant. Et les gens les utilisaient tellement que l’un des ascenseurs s’est coincé et on a dû fermer les autres pour assurer la sécurité des gens.

 

[00:06:03]

Stephanie : De plus, l’édifice était tellement grand qu’on a même entendu le premier ministre de l’époque, Sir Oliver Mowat, se demander comment on pourrait remplir tous les bureaux.

 

[00:06:12]

Erin : Le saviez-vous? Ça a pris moins de 10 ans pour les remplir.

 

[00:06:16]

Stephanie : Nous savons que ce balado n’offre aucun élément visuel, mais comment est-ce qu’on pourrait parler de l’édifice sans parler des caractéristiques architecturales?

 

[00:06:23]

Erin : Je suis entièrement d’accord. Richard Waite a utilisé un grès rose pour l’extérieur de l’édifice. Et conformément aux exigences du contrat, le grès provient d’une carrière à Orangeville. Il a choisi le grès parce que c’est un matériau sur lequel il est facile de graver des détails complexes, un élément important dans l’architecture de l’édifice.

 

[00:06:44]

Stephanie : Absolument. Les gravures sont les premiers éléments qui nous frappent. J’aime examiner les marmousets qui figurent tout autour de l’édifice. Chacun est différent; certains ont l’air d’animaux et de créatures mythiques alors que d’autres ont une apparence plus humaine. Le saviez-vous? Les marmousets remontent au Moyen Âge, une époque où la mythologie était une force puissante dans la vie des gens, qui croyaient que ces figures pouvaient les protéger contre les esprits démoniaques et les faire fuir.

 

[00:07:10]

Erin : Ma gravure préférée est la frise sur la façade avant. Elle mesure plus de 20 mètres de longueur, mais c’est difficile d’en juger la taille parce qu’elle est si haute. Les figures allégoriques représentent les différents aspects de la société et du gouvernement! On ne peut nier la beauté de la maçonnerie, peu importe où l’on regarde.

 

[00:07:31]

Stephanie : Le grès rose de l’édifice est à l’origine du sobriquet « le palais rose » (Pink Palace), « palais » provenant du style architectural qu’a utilisé M. Waite pour son concept. L’édifice de l’Assemblée législative est construit d’après le style romanesque à la Richardson. Ça signifie quoi, au juste?

 

[00:07:45]

Erin : Le style est nommé en l’honneur de Henry Hobson Richardson, qui a inventé le style néo-romain. Les édifices néo-romains comportent habituellement des éléments romanesques du 11e et du 12e siècles provenant du sud de la France, de l’Espagne et de l’Italie, par exemple des gravures délicates dans de grosses pierres, des fenêtres et portes en arcade et parfois des tours cylindriques. Bref, l’extérieur ressemble à un château. Mais qu’en est-il de l’intérieur? Est-ce que l’intérieur correspond à l’extérieur?

 

[00:08:17]

Stephanie : Absolument. Le thème de M. Waite continue à l’intérieur avec des éléments riches et denses parsemés de gravures complexes et délicates. Les couloirs de l’édifice sont construits avec du chêne blanc. Aucun détail n’a été négligé, des planchers en bois scié en quartier aux panneaux riches sur les murs. Et pour boucler le thème de château, il y a même des dragons cachés dans les gravures de l’édifice.

 

[00:08:38]

Erin : Mais l’un des éléments intérieurs les plus frappants est sûrement le plafond en vitrail dans l’aile Est. Le vitrail est construit avec de la vitre jaune et orange et le motif abstrait est une technique novatrice créée par M. Waite pour assurer un éclairage suffisant dans les pièces intérieures. Le saviez-vous? Plusieurs personnes croient que le plafond en vitrail est un lanterneau, mais c’est en fait un plafond vitré.

 

[00:09:01]

Stephanie : C’est quoi la différence, vous vous demandez? Bonne question. Un lanterneau sépare l’extérieur de l’intérieur et est installé directement sur le toit, alors qu’un plafond vitré est horizontal et est presque un faux plafond décoratif qui est entièrement dans l’édifice.

 

[00:09:16]

Erin : L’éclairage était un élément important pour M. Waite, vu que c’était un élément évalué dans le cadre du concours de concept. Puisqu’il ne pouvait pas se fier uniquement au plafond vitré pour éclairer l’édifice, M. Waite a inclus des appareils d’éclairage alimentés au gaz et à l’électricité dans ses plans. Le saviez-vous? Il y a encore des luminaires originaux dans l’édifice, mais évidemment, ils ne sont plus alimentés au gaz.

 

[00:09:40]

Stephanie : La beauté de l’édifice est incontestable. Par contre, vous vous souvenez peut-être qu’un autre élément essentiel était de créer un édifice le plus résistant au feu possible — du moins, autant que le permettait la technologie du 19e siècle.

 

[00:09:54]

Erin : Comme vous pouvez le deviner, il y a peut-être eu un petit accident impliquant un énorme incendie.

 

[00:10:02]

Stephanie : Le 1er septembre 1909, le toit de l’édifice a fait l’objet d’une série de réparations. Un groupe de ferblantiers utilisaient un foyer à charbon pour chauffer leurs outils lorsqu’une étincelle est tombée sur le toit. Selon les comptes rendus, c’était une journée très venteuse et un incendie s’est déclaré sur le toit de l’aile Ouest.

 

[00:10:19]

Erin : Un valet d’ascenseur a sonné l’alarme en courant dans les couloirs de l’aile Ouest et en criant : « AU FEU! » Peu après, une poutre en flammes est tombée à travers le plafond vitré et a rapidement propagé le feu dans toute l’aile Ouest. En tentant de sauver l’édifice autant que possible, y compris la Chambre, des bénévoles ont formé une chaîne pour arroser le reste de l’édifice et y prévenir la propagation du feu.

 

[00:10:43]

Stephanie : Le personnel et les députés de l’Assemblée, y compris le premier ministre Whitney, ont participé à la lutte pour protéger l’édifice et son contenu. Malgré leurs efforts soutenus, la bibliothèque et plus de 100 000 ouvrages ont été perdus. Cependant, le reste de la structure, y compris la Chambre, a été sauvée.

 

[00:11:02]

Erin : L’aile Ouest a dû ensuite être reconstruite, ce qui est bien tombé puisqu’il y avait déjà des discussions en cours pour élargir l’édifice. La prédiction de Mowat, que les bureaux de l’édifice ne seraient jamais remplis, s’est révélée fausse et l’on discutait déjà d’un plan pour construire l’aile Nord à l’arrière de l’édifice avant l’incendie.

 

[00:11:20]

Stephanie : La construction de l’aile Nord a commencé cette année-là. Puisque la structure principalement en bois a contribué aux conditions favorables à la propagation du feu, de nouvelles stratégies ont été mises en place pour prévenir de futurs sinistres.

 

[00:11:32]

Erin : L’architecte torontois George Gouinlock, avec l’aide du bibliothécaire de l’Assemblée législative, Avern Pardoe, a utilisé des stratégies novatrices et ignifuges pour construire l’aile Nord, où se situe maintenant la bibliothèque de l’Assemblée législative.

 

[00:11:46]

Stephanie : On peut encore y voir les choix ingénieux : des portes coupe-feu, des étagères et des escaliers en métal, des planchers en marbre et des volets en métal.

 

[00:11:55]

Erin : Le plan de l’édifice lui-même servait de protection contre les incendies. À l’origine, les rayons de livres parcouraient les murs extérieurs de la pièce, mais la nouvelle bibliothèque a été disposée selon une structure centrale faite en métal afin de protéger les livres en les entourant de matériaux ignifuges tels le marbre et l’acier. Le saviez-vous? Ça a juste pris 10 ans pour reconstituer la collection de 100 000 ouvrages de la bibliothèque!

 

[00:12:22]

Stephanie : C’est un autre architecte de Toronto qui a été chargé de la reconstruction de l’aile Ouest : E. J. Lennox. Le saviez-vous? Si vous avez déjà visité Toronto, vous avez probablement vu d’autres édifices conçus par M. Lennox, car il a aussi conçu l’ancien hôtel de ville et Casa Loma.

 

[00:12:37]

Erin : Contrairement au mandat original qui demandait d’utiliser des matériaux locaux, Lennox pouvait incorporer d’autres éléments dans ses dessins. L’exemple le plus frappant dans l’aile Ouest est le brillant marbre blanc carrera importé d’Italie. Une autre caractéristique particulière est le plancher en mosaïque; chaque morceau a été coupé et placé à la main. Le saviez-vous? L’installation de la mosaïque a pris plus d’un an!

 

[00:13:04]

Stephanie : Et puisque l’on manquait d’espace, l’aile Ouest a été élargie pour inclure des bureaux additionnels. Ceci a considérablement changé la symétrie de l’architecture, et si l’on regarde l’édifice aujourd’hui, on remarquera que contrairement au plan de M. Waite, les toits des ailes Est et Ouest ne se ressemblent plus.

 

[00:13:20]

Erin : Un élément du plan original qui a survécu à la reconstruction est le plafond vitré. Un nouveau vitrail a été installé. Il est plus complexe et figure les armoiries de la Province de l’Ontario qui ont reçu la proclamation royale en 1901.

 

[00:13:35]

Stephanie : L’édifice n’a pas subi d’autres changements majeurs entre 1913, lorsque la construction des ailes Nord et Ouest a été terminée, et la fin des années 1980.

 

[00:13:45]

Erin : Pas tout à fait... Comment peut-on oublier que le tapis rouge a littéralement été déroulé dans les années soixante!

 

[00:13:53]

Stephanie : Honnêtement, j’essaie d’oublier qu’il y a eu un tapis rouge, mais, malheureusement, nous avons des photos.

 

[00:14:00]

Erin : Je crois que la plupart des gens veulent oublier les tapis qu’ils ont choisis à cette époque-là. Tu te souviens des tapis à poils longs?

 

[00:14:07]

Stephanie : Ben, c’était pas si drastique! Le tapis dans la Chambre et dans les autres parties de l’édifice étaient certainement vifs, mais heureusement aucun tapis à poils longs...

 

[00:14:14]

Erin : Heureusement, les tapis vifs ont été remplacés par des tapis plus fidèles aux tapis originaux de la Chambre.

 

[00:14:22]

Stephanie : La Chambre est le point focal de l’édifice depuis 1893, donc Richard Waite a porté une attention particulière à sa forme et à son emplacement.

 

[00:14:30]

Erin : En effet! M. Waite a délibérément placé la Chambre à l’avant de l’édifice. En fait, les trois grandes fenêtres sur la façade sont celles de la Chambre. Mais pourquoi a-t-il conçu l’avant comme ça?

 

[00:14:42]

Stephanie : En fait, M. Waite voulait souligner le lien entre le parlement et le peuple de l’Ontario. En plaçant la Chambre à l’avant, faisant face au sud, il voulait en faire un symbole de la responsabilité qu’a le parlement envers ses citoyens.

 

[00:14:53]

Erin : Peux-tu me rappeler pourquoi faire face au sud était si important pour lui?

 

[00:14:57]

Stephanie : Il faut tenir compte que Toronto, en 1893, était beaucoup plus petite qu’aujourd’hui. La plupart des gens et des structures se trouvaient entre l’édifice de l’Assemblée législative et le lac Ontario. Il est fort possible que l’on pouvait même voir le lac de Queen’s Park! Puisque les gens habitaient principalement au sud de l’édifice, il était logique de faire face au sud.

 

[00:15:18]

Erin : C’est logique, en effet. Bien que je ne crois pas que tu aurais pu voir le lac d’ici. Il aurait fallu être sur le toit pour vraiment pouvoir le voir. Néanmoins, la partie centre de l’édifice était une merveille d’ingénierie à l’époque; le plafond et le toit de la Chambre étant supportés par un système complexe de poutres et de fermes.

 

[00:15:38]

Stephanie : Grâce à cette structure, la Chambre mesure un incroyable 50 pieds de haut!

 

[00:15:43]

Erin : Le saviez-vous? Selon les plans de M. Waite, la hauteur de la Chambre mesure seulement la moitié de celle du centre de l’édifice. La structure du toit représente l’autre moitié.

 

[00:15:54]

Stephanie : Évidemment, pour une pièce aussi grande, il fallait un décor dramatique, y compris des gravures détaillées, des murales impressionnantes sur les murs et sur le plafond ainsi que des grands luminaires.

 

[00:16:03]

Erin : M. Waite était minutieux avec ses plans et a donné des instructions exhaustives. Toutefois, il a laissé les détails des gravures à la discrétion des menuisiers et des sculpteurs. Nous devons fort probablement remercier le sculpteur William McCormack pour les magnifiques gravures dans la Chambre.

 

[00:16:21]

Stephanie : Mes gravures préférées dans la Chambre sont les phrases en latin; elles sont censées inspirer les députées et députés dans leurs décisions pour les gens de l’Ontario.

 

[00:16:28]

Erin : La mienne, c’est les armoiries royales au-dessus de l’estrade où s’assoit le président, à l’avant de la Chambre. Je crois que c’est vraiment impressionnant que M. McCormack ait sculpté ça à partir d’une pièce d’acajou massive.

 

[00:16:40]

Stephanie : Le saviez-vous? De ce qu’on sait, seul le sculpteur en chef, William McCormack, pouvait signer ses œuvres, et on peut voir sa signature au bas des armoiries royales.

 

[00:16:50]

Erin : Un autre individu qui a marqué la scène, littéralement, est Gustav Hahn, responsable du magnifique plafond et des murales partout dans la Chambre.

 

[00:17:01]

Stephanie : Les murales peintes à la main en style Art nouveau comportent le motif complexe d’une feuille d’érable. M. Hahn a également peint quatre figures féminines représentant la puissance, la sagesse, la modération et la tolérance, soit les qualités d’un bon gouvernement.

 

[00:17:15]

Erin : Malheureusement, tout le travail de M. Hahn a été recouvert au début du 20e siècle par des poils de chevaux, de la colle et de la toile dans un effort pour améliorer le son dans la Chambre.

 

[00:17:24]

Stephanie : Ce n’était pas un choix facile. Mais il y avait un sérieux problème d’écho. Il faut tenir compte du fait que l’on parle d’une pièce caverneuse avec des plafonds à 50 pieds du sol, avant l’époque des microphones. Les députés se plaignaient depuis l’ouverture de l’édifice, car il était très difficile d’entendre les autres dans la Chambre.

 

[00:17:40]

Erin : Ils ont essayé plusieurs méthodes avant de se décider à cacher les murales. Le plus grand changement a été l’abaissement des tribunes de la presse de plusieurs pieds pour essayer de réduire l’écho.

 

[00:17:52]

Stephanie : Tout ce que je peux dire, c’est Alléluia pour la technologie moderne! L’ajout de microphones a grandement amélioré la qualité du son et nous a permis de lever le voile sur les murales de M. Hahn.

 

[00:18:00]

Erin : Nous devons dorénavant y aller étape par étape : retirer les panneaux acoustiques sans endommager les murales est non seulement un long processus laborieux, mais nous devons aussi nous souvenir que l’édifice est le foyer d’un parlement actif!

 

[00:18:15]

Stephanie : Absolument. Surtout parce qu’il faut construire un échafaudage du plancher jusqu’au plafond pour faire le travail et que ça prend du temps. C’est encore plus problématique lorsqu’on doit accommoder le calendrier parlementaire!

 

[00:18:26]

Erin : En effet. Toutefois, même si la technologie présente bien des avantages, elle a également été notre adversaire.

 

[00:18:33]

Stephanie : Wow. Dramatique.

 

[00:18:35]

Erin : Ben, il faut quand même être un peu dramatique. L’ajout de la technologie dans un édifice qui n’a pas été conçu pour l’accommoder a été un défi très difficile. Prenons l’éclairage comme exemple. Bien que les luminaires originaux étaient magnifiques à l’ouverture de l’édifice, la technologie est devenue obsolète et ils ont dû être remplacés. C’était la première étape de la transition vers un édifice entièrement alimenté par l’électricité.

 

[00:19:01]

Stephanie : Le saviez-vous? Les quatre luminaires au centre de la Chambre y sont encore installés, et chacun pèse environ 900 livres. Ils doivent être baissés au moyen d’un système de poulies chaque fois qu’une ampoule doit être remplacée.

 

[00:19:12]

Erin : Éventuellement, il fallut installer de nouveaux luminaires dans la Chambre, après l’arrivée d’une nouvelle technologie : cette fois-ci, c’était la télévision.

 

[00:19:21]

Stephanie : Les caméras ont été installées dans la Chambre en 1986 et ont permis à tout le monde dans la province de visionner les travaux de l’Assemblée en direct, comme par *magie*. Les anciens luminaires ne fournissaient pas suffisamment de lumière pour les caméras, donc on en a installé 10 nouveaux appareils pour bien éclairer les députées et députés.

 

[00:19:36]

Erin : Mais la Chambre n’est pas la seule pièce à avoir subi des changements récents. Il a fallu attendre le 100e anniversaire de l’édifice avant de créer un plan pour conserver la structure.

 

[00:19:49]

Stephanie : Des recherches exhaustives ont été effectuées pour évaluer l’état global de l’édifice et déterminer quelles techniques utiliser pour restaurer sa splendeur.

 

[00:19:57]

Erin : Les travaux ont commencé sur l’extérieur de l’édifice en 1992. Des réparations ont été effectuées sur l’intérieur et l’extérieur du toit, sur la maçonnerie et les gravures décoratives.

 

[00:20:07]

Stephanie :  C’était un projet énorme et les travaux sur l’extérieur ont été achevés au milieu des années 1990. Personnellement, ma partie préférée de la restauration était la recréation des deux flèches décoratives en cuivre tout en haut du toit. Les flèches originales se sont désintégrées au fil du temps et ont complètement disparu dans les années 1970. Le saviez-vous? Il y a une capsule historique dans l’une des flèches qui sera ouverte le 4 avril 2093.

 

[00:20:33]

Erin : J’oublie toujours qu’elle est là. J’espère pouvoir témoigner de son ouverture! Mais ce n’est pas seulement l’extérieur de l’édifice qui a subi des changements majeurs.

 

[00:20:42]

Stephanie : La Chambre a aussi vu une transformation, y compris, heureusement, de nouveaux tapis, de nouveaux meubles ainsi qu’une nouvelle couche de peinture correspondant aux couleurs originales. Le vert domine maintenant dans la Chambre.

 

[00:20:53]

Erin : Cependant, les travaux à l’intérieur n’ont pas seulement eu lieu dans la Chambre. Les couloirs ont également été restaurés, et, à mon avis, ils sont l’un des aspects les plus sous-estimés de la restauration. Les planchers en bois dans les couloirs avaient été recouverts par des planches de contreplaqués et par les fameux tapis. Ces éléments ont dû être enlevés soigneusement, y compris les milliers de clous et d’agrafes qui les tenaient en place. Le plancher original a ensuite été sablé et fini et voilà! Nous avons les planchers que nous voyons aujourd’hui.

 

[00:21:22]

Stephanie : Chaque fois que je mets les pieds dans l’édifice, je suis toujours émerveillée par le travail investi rien que dans les planchers!

 

[00:21:28]

Erin : Je dirais que t’as vraiment tapé dans le mille.

 

[00:21:31]

Stephanie : OK, tu as atteint la limite de jeux de mots pour aujourd’hui. C’est tout.

 

[00:21:35]

Erin : À la prochaine, mes jeux de mots! Malgré les rénovations et les restaurations exhaustives, ça fait plus de 100 ans qu’un nouvel espace a été ajouté à l’édifice de l’Assemblée législative.

 

[00:21:48]

Stephanie : Mais, à la fin de 2019, nous avons commencé les travaux pour construire une nouvelle entrée pour les visiteuses et visiteurs. La nouvelle structure a été ajoutée à la façade sud et comporte une aire de contrôle de sécurité pour assurer la sécurité de l’édifice. Le nouvel espace est construit à partir de matériaux qui s’agencent à l’apparence traditionnelle de l’édifice, dont le calcaire et le cuivre.

 

[00:22:05]

Erin : De plus, lorsque possible, on a choisi des matériaux provenant de l’Ontario. Tout comme lors du concours des années 1880!

 

[00:22:14]

Stephanie : Quel parcours, hein?

 

[00:22:16]

Erin : Enfin, ce n’est pas tous les jours que l’on célèbre un 128e anniversaire, et c’était une excellente occasion de souligner.

 

[00:22:26]

Stephanie : C’est vraiment un symbole de patrimoine, et un qui, nous l’oublions parfois, appartient à la province et à sa population. Il ne faut pas oublier de compter nos anecdotes avant de partir!

 

[00:22:37]

Erin : Ça aurait été chouette d’avoir 128 anecdotes!

 

[00:22:42]

Stephanie : On y aurait passé la journée...

 

[00:22:45]

Erin : Ben, on était proche. Il nous en manquait seulement 117.

 

[00:22:50]

Stephanie : Erin, je sais que je ne suis pas douée en maths, mais ça veut dire qu’on en a 11?

 

[00:22:55]

Erin : Oui! Si près!

 

[00:22:57]

Stephanie : Honnêtement, je ne pense pas qu’on va pouvoir faire mieux.

 

[00:23:00]

Erin : Soyez à l’écoute la prochaine fois pour voir si on peut battre notre record!

 

[00:23:04]

Stephanie : Merci tout le monde d’avoir écouté le balado « Parlons du parlement », où nous enseignons au public tout ce qui a trait au parlement.

 

[00:23:08]

Erin : On doit y aller. Je crois entendre la sonnerie.

 

[00:23:18]

Stephanie : Le balado « Parlons du parlement » est produit par la Direction du protocole parlementaire et des relations publiques de l’Assemblée législative de l’Ontario.

 

[00:23:24]

Erin : Médias sociaux gérés par la Direction du protocole parlementaire et des relations publiques de l’Assemblée législative de l’Ontario.

 

[00:23:29]

Stephanie :  Les recherches ont été effectuées par le Bureau des recherches pour la Table de l’Assemblée législative de l’Ontario.

 

[00:23:34]

Erin :  Merci de nous avoir écoutées. Si vous avez aimé cet épisode, veuillez nous appuyer en le partageant et en vous abonnant.

 

[00:23:40]

Stephanie: Pour plus d’anecdotes concernant le parlement de l’Ontario, suivez-nous sur Twitter (lien externe) et Instagram (lien externe) : @parloneducation. Et en anglais sur Twitter (lien externe) : @onparleducation.

 

[00:23:52]

Erin :  Encore une fois, merci et à la prochaine.