In the Public Good: Eugenics and Law in Ontario – C. Elizabeth Koester (McGill-Queen’s University Press, 2021)

À l’aube du 20e siècle, l’eugénisme gagnait des adeptes dans le monde entier par sa promesse d’éradiquer les maux sociaux comme les maladies vénériennes, l’alcoolisme et ce qu’on appelait alors la faiblesse d’esprit, ainsi que de nombreux autres maux, grâce à la reproduction sélective et à d’autres mesures. L’Alberta et la Colombie-Britannique avaient adopté des lois exigeant la stérilisation de certains individus déclarés « inaptes ». L’Ontario, où vivaient de nombreux eugénistes, est passé bien près de faire de même.

In the Public Good porte sur trois processus juridiques qui étaient au service des idées de l’eugénisme entre 1910 et 1938 en Ontario : projets de loi, commissions d’enquête parlementaires de ressort provincial, et procès d’une jeune femme accusée de diffusion d’information sur la planification des naissances. Ensemble, ces processus nous révèlent qui, dans la province, soutenait ces idées, de quelle façon on les appréhendait dans l’optique du bien public et de quelle manière on les débattait. Elizabeth Koester nous montre par quels moyens les « lois » créées au parlement et ailleurs étaient utilisées pour promouvoir et détourner l’eugénisme, et de quelle manière les discours publics et politiques axés sur la notion de bien public étaient mis au service de leur cause par les eugénistes.

À l’heure où les idées eugénistes trouvent de nouveaux appuis dans les possibilités qu’offrent les techniques de reproduction, où des voix proposent d’exiger la stérilisation « volontaire » comme condition d’admissibilité à l’aide sociale et où l’immigration suscite des inquiétudes, In the Public Good nous permet d’approfondir notre connaissance de ce phénomène. Cette exploration des liens historiques entre l’eugénisme et le droit ontarien nous prépare à mieux comprendre les implications de cet héritage et du « génie génétique » moderne.